Au cœur de l’hiver, les vignes sont en dormance. Elles se reposent et se préparent à la saison nouvelle. Les hommes quant à eux restent actifs : c’est le temps de la taille. Cette étape importante permet de structurer les plants de vigne et d’assurer par la suite une production qualitative.
Mais cette année, les hommes ne sont pas seuls dans le vignoble de Gigondas. Un troupeau de moutons les a rejoints dans les parcelles de Romane, leur travail consistant à brouter les herbes qui poussent entre les rangs de vignes.
Nous avons toujours eu à cœur de conduire notre vignoble le plus naturellement possible afin de laisser la biodiversité s’exprimer. Laisser pâturer les moutons est tout à fait en adéquation avec cet objectif, et cela crée même une synergie avec nos pratiques culturales actuelles.
En effet, nous enherbons nos parcelles de Gigondas depuis une vingtaine d’années pour lutter contre l’érosion. Dans nos coteaux argileux, cela nous permet de conserver l’humidité des sols et de limiter les phénomènes de ruissellement et de ravinement. Mais l’enherbement doit tout de même être maîtrisé, surtout durant les périodes plus humides où l’herbe à tendance à pousser rapidement. Elle pourrait par la suite faire concurrence à la vigne ou la qualité des raisins diminue en créant un milieu favorables aux maladies.
L’avantage des moutons c’est qu’ils se faufilent habilement entre les pieds de vigne, et n’ont aucun mal à « tondre » les parcelles. Cela nous épargne ainsi au moins un passage de broyeur, et limite le tassement des sols. De plus, les moutons broutent au plus près des pieds de vigne sans les abîmer. Ils font un véritable travail de fond sur la parcelle.
Pour notre domaine, le vitipastoralisme est d’ailleurs un retour aux sources, puisqu’il était déjà pratiqué par notre grand-père, bien avant que l’on ne parle d’écologie. La bergerie de Romane abritait autrefois un troupeau d’environ 700 moutons. Le troupeau paissait de novembre à avril à Gigondas, puis il partait dans des prés plus au sud avant de rejoindre leurs pâturages d’estives dans le Vercors pour la belle saison.
Au fil du temps, la taille du troupeau a diminué et nous avons abandonné cette activité dans les années 80, à regret ! Alors, lorsqu’un berger nous a proposé de faire paître ses brebis dans nos vignes, nous n’avons pas hésité à les accueillir.